Maëlle Dufour

Porteuses

Du au

Centrale | vitrine

Une personne porte une caspule de verre dans son dos, sculpture de l'artiste Maëlle Dufour.

La Centrale présente l’exposition Porteuses de Maëlle Dufour à la Centrale | vitrine (10.04 > 22.06.2025).

Porteuses s’inscrit dans la continuité du travail de Maëlle Dufour qui scrute, à chaque nouvelle intervention sculpturale, la propension de l’être humain à contrôler la nature et ses semblables. Ici, en choisissant de focaliser son attention sur l’une des rivières urbaines de Bruxelles, l’artiste invite à une réflexion sur notre rapport à l’environnement et à l’héritage qui coule sous nos pieds, tout en soulignant les tensions entre développement urbain, écologie et tissu social.

À quelques pas de la Centrale coule la Senne, un cours d’eau enfoui sous Bruxelles depuis 150 ans suite à une grande opération de voûtement. Ancienne voie navigable essentielle et source d’eau vive, puis égout à ciel ouvert, la Senne a été progressivement canalisée et couverte pour s’adapter aux besoins croissants d’une ville en expansion. Sa disparition du champ de vision des citadin·es reflète une évolution plus large : celle d’un désenchantement face à l’eau, souvent réduite, en ville, à une ressource domestiquée et contrôlable, reléguée à l’arrière-plan du quotidien.

Parallèlement, alors que les villes se réchauffent chaque été et que les points d’eau deviennent précieux, des projets de renaturation et de mise en valeur des rives se développent, comme celui de Max-en-Senne. Prévu pour débuter en hiver 2025 sur le site de l’actuel parc Maximilien, ce projet de réhabilitation de la Senne s’inscrit dans une démarche de restauration du rôle écologique et culturel de la rivière, mais soulève du même coup des enjeux sociaux liés à la gentrification et à la valeur de l’accès à l’eau.

Pour son installation à la Centrale, Maëlle Dufour « fait voir » l’eau de cette rivière cachée et la ramène dans un espace de monstration. Répliquant le geste de porteur·euses d’eau, des performeur·euses transportent l’eau de la Senne soigneusement recueillie sous les voutes qui l’abritent. Portée sur le dos, dans des sculptures fonctionnelles conçues par l’artiste, l’eau parcourt les rues de Bruxelles jusqu’à la Centrale où elle est déversée dans un écrin transparent dont la forme évoque un château d’eau. Exposée à la vue de tous·tes, l’eau de cette rivière urbaine réintègre ainsi l’imaginaire collectif, offrant une nouvelle perspective sur notre rapport à l’eau, à l’espace public et à la mémoire de la ville.

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Maëlle Dufour (1994, Mons) réalise des installations qui questionnent le progrès au cœur des époques passées, présentes et futures ainsi que la destruction des écosystèmes par l’être humain. Elle y explore les traces de décadence autant que les prémices d’espoir. Son art s’exprime dans une véritable explosion de matériaux, mêlant l’argile, la boue, la pierre bleue, la céramique, des déchets, des plaques de plomb, des miroirs rectangulaires ou encore du verre soufflé rouge vif. Il peut s’agir de ruines monumentales, de paysages volcaniques lunaires ou d’étroites tours de guet. Doriane Biot (1995, Bruxelles) est une curatrice et travailleuse culturelle impliquée dans des centres d’artistes, institutions muséales et galeries universitaires. Volontiers interdisciplinaires, les projets dans lesquels elle s’inscrit visent à mettre en lumière la pertinence des pratiques de l’image et de l’exposition dans des contextes sociaux-culturels mouvants. À travers cette collaboration, le duo se plonge dans les tensions et les replis du lexique visuel que Maëlle Dufour approfondit à chaque nouvelle création : l’archéologie des déchets, les variations d’échelles, les gestes de sauvegarde.

 

Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Exposition

J-56 avant l’ouverture de l’exposition

Commissaire

  • Doriane BIOT